LE DÉTAIL DU MONDE
À partir de l’ouvrage éponyme de l’historien Romain Bertrand et en s’appuyant sur les travaux de grands naturalistes et de poètes, le projet Le détail du monde cherche à nous emporter dans un art de la description des surfaces. Patiente, l’expérience du monde permet de s’immerger en profondeur dans l’espace et le temps de ce que l’on observe. Le projet consiste à travailler sur cette acuité du regard, cette attente des événements qui peuvent arriver, ou pas. Il s’agira ensuite de restituer ce qui a été vu, vécu, entendu, à travers les médiums choisis. Plusieurs sorties sont prévues dans des lieux tels que les friches, les zones délaissées, les forêts, carrières, lacs, jardins... Les restrictions
de temps et de distances de sortie liées au confinement récent nous ont appris à être plus attentifs à ce qui nous est proche. Au fil des semaines, des collections individuelles se constitueront à partir de traces et d’éléments fragmentaires recomposés. La fin du projet sera consacrée à la mise en forme de ces éléments encore épars : éditions, films, carnets, installations… Ici, les étudiantes et les étudiants généreront des interactions et feront émerger les sensations expérimentées et leurs propres découvertes.
Vidéo, histoire de l’art, dessin-espace, volume, son, numérique, peinture, photographie, approche de l’image contemporaine, recherches en médiathèque
Référents
François Lejault
Willy Legaud
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semestre 1
En 1999, Peter Bonde et Jason Rhoades réalisent Snowball, une œuvre produite dans le désert au nord de Los Angeles sur la piste de course automobile de Pavel Old. Dans ce forum, des artistes, critiques, commissaires d’exposition, cinéastes, sponsors du projet et passants sont invités à bord d’une voiture de style Nascar pour échanger sur des questions esthétiques et philosophiques. Snowballprend forme au rythme de son exposition : sa force et son intensité augmentent àmesure que de nouvelles personnes contribuent à la discussion collective.Cette pièce fut présentée au pavillon danois de la 48e biennale de Venise : une installation totale et assourdissante, composée de voitures, d’images de courses automobiles, de photographies, peintures et de milliers d’autres objets en écho à l’environnement de la course. En 2010, Paul B. Preciado met en évidence une étude sur Hugh Hefner et le manoir Playboy dans son ouvrage Pornotopie. Selon l’auteur, la fin du fordisme annonce une nouvelle ère de discipline des corps par la mécanisation et la standardisation de la machine. La séparation du lieu de travail et des espaces privés s’estompe, la maison devient un espace transparent pénétré par les univers de la consommation et du travail.Dans une pulsion de désir, de vitesse, de bruit, de fureur, de surconsommation et de sueur, nous travaillerons à équidistance entre Jason Rhoades et Paul B. Preciado pour transformer l’école en circuit de course, pour expérimenter nos bolides inventés.
Performance, épistémologie, dessin-espace, édition, bois, mécatronique, recherches en médiathèque
Référents
Abraham Poincheval
Catherine Melin
RADIODE
semestre 1
Le radiophonique est l’ensemble des moyens et techniques réunis pour créer, dans un espace choisi, ce qui est écouté ailleurs. À l’inverse, il permet l’écoute, à un instant donné, de ce qui est (ou a) été créé autre part. Il est de nature spatiale voire géographique, opérant un déplacement au sein d’un territoire, d’un espace à un autre. On peut concevoir ses espaces comme physiques, sonores ou même psychiques. Comme tout déplacement nécessite des outils permettant d’en établir les itinéraires, nous nous intéressons aux différents types d’écoutes, de productions sonores et à la transcription des sons en un ensemble de signes : partitions, cartes, dessins, écriture(s), graphisme. Cette réflexion nous amènera à expérimenter les moyens de production sonore via les médias (enregistrements, montages, mixages, audio-walks), mais aussi en développant les notions de flux (streaming, traitements électroniques du son, soundwalks, improvisations musicales, lectures) et les outils permettant leur mise en partage sur le web. Enfin, il s’agira également de penser l’histoire de ce médium, ses transformations technologiques et les enjeux qui en découlent.
Son, esthétique et histoire de l’art contemporain, édition, Locus Sonus, mécatronique, numérique, volume, recherches en médiathèque, anglais
Référents
François Parra
Camille Videcoq
WALDEN
semestre 1
Walden renvoie d’abord à l’ouvrage d’Henry-David Thoreau dans lequel il relate son expérience de vie au bord d’un étang à quelques miles de Concord dans le Massachusetts. Revendiquée par les écologistes, la pensée transcendantaliste et la critique du consumérisme américain de Thoreau revient aujourd’hui sur le devant de la scène, faisant de l’écrivain l’apôtre malgré lui de la décroissance et le fondateur du premier manifeste américain de la désobéissance civile. Un siècle plus tard, Jonas Mekas réalise Walden et filme le contexte new-yorkais trépidant des années 1960 où il a trouvé refuge après des années de migration à travers l’Europe. Au sortir de ces épreuves il arrive à New-York et marche de longues heures, se réjouissant de la poésie des scènes de vie quotidienne et s’immergeant dans l’avant-garde artistique. Son journal filmé donne une aussi grande importance aux visages célèbres ou à des performances artistiques qu’à des scènes de repas de famille ou des déambulations dans la ville. Le montage suit le rythme des jours et des bobines de film, dans le flux du mouvement et de l’improvisation.Sans scénario, Jonas Mekas entraîne les regards vers des couches invisibles du réel, ouvre les portes de la perception autant qu’il engage une réflexion sur le micro-politique. Comment restituer des moments intimes ? Comment rendre compte des expérimentations ? Dans le projet Walden, nous chercherons à capter le réel d’une manière spontanée et instinctive, nous partagerons ces moments collectifs ou non, en les découpant, en les transformant et en évacuant les évidences pour nous concentrer sur le ressenti et la perception.
Photographie, édition, peinture, volume, épistémologie, approche de l’image contemporaine, recherches en médiathèque, anglais
Référents
Jürgen Nefzger
Jérémie Setton
TEMPS
semestre 2
Le temps a ceci de cocasse que personne n’est en mesure de dire s’il est ce qui accueille la suite des événements ou, bien au contraire, s’il en émane. Dès lors, sa représentation soulève un paradoxe qui pourrait se résumer par la question suivante : que montrent les montres ? Le temps a aussi ceci de particulier d’être perçu, mesuré et représenté à travers toutes les cultures et toutes les civilisations. Des Grecs anciens aux postmodernes, des premières civilisations Maya aux dernières théories quantiques, de la peinture pariétale aux pratiques du numérique, en passant par la photographie et le cinéma, le temps est tour à tour une divinité, une allégorie, un instrument de mesure. Il est haché, continu, cyclique, il devient une forme médiatique insaisissable. Tout le monde en parle sans que personne n’arrive à le cerner entièrement. Le temps se prend, se donne, s’emploie, se gagne ou se perd, ralentit et s’accélère aussi. Le langage et le nombre d’expressions qui lui sont associées démontrent notre incapacité à le réduire à une notion objectivable. La perception du temps par chacune et chacun génère autant de manière d’être au monde qu’il existe d’individus. À travers différentes pratiques et les techniques qui leurs sont associées, comme la peinture, la photographie, la vidéo ou la programmation, nous proposons de mener ensemble une réflexion sur la notion de temps pour renouveler ou confirmer notre expérience du monde environnant.
Numérique, peinture, son, Locus Sonus, photographie, vidéo, approche de l’image contemporaine, anglais, volume, recherches en médiathèque
Référents
Guillaume Stagnaro
Jérémie Setton
CAMOUFLAGE
semestre 2
Invisibles, illisibles, indiscernables, ambiguës, fuyantes, celles et ceux qui se camouflent se tissent dans leurs environnements : avec elles, on ne sait plus bien faire la différence entre les limites de leurs corps et les choses qui les entourent. En 1899, la dernière parcelle n’appartenant à aucun État-nation est absorbée. La carte du monde est complète, il n’y a plus de terra incognita. Où se cacher dans un monde intégralement « découvert » ? Comment échapper aux systèmes de surveillance, de quadrillage, de contrôle et d’identification ? Comment échapper au regard du souverain ou du capital, aux logiciels de reconnaissance faciale, aux caméras automatiques de nos villes connectées ? Ce projet part à l’investigation des pratiques et des stratégies mises en place par les vivants, humains et autres qu’humains, pour déjouer la reconnaissance : des biomimétismes dans les règnes microbiens, animaux et végétaux aux techniques de brouillages militaires qui leur empruntent, des anonymisations numériques aux hacktivismes anti-tracking, nous étudierons les systèmes qui nous observent, et ce que nous pouvons faire pour les déjouer. Nous tenterons de penser comme un algorithme, comme un prédateur, comme une caméra de surveillance ; nous poserons des questions de formes, de couleurs, de motifs, de codes ; nous testerons des maquillages, des vêtements, des gestes ; nous visiterons des figures de phasmes, de papillons monarques, de pieuvres et de panthères—pour apprendre à nous rendre imperceptibles.
Volume, esthétique et histoire de l’art contemporain, vidéo, performance, dessin-espace, numérique (jeux et web), édition, recherches en médiathèque, anglais
Référents
France Cadet
Romain Bigé
OBSTACLE
semestre 2
Entendre le terme « obstacle » au sens propre comme au sens figuré : un objet ou un évènement qui vient empêcher la continuité d’un déplacement, d’un trajet, mais aussi une pensée, un état ou un contexte rendant impossible l’aboutissement d’un projet. Une barrière, une porte fermée, un trou dans la chaussée, une déviation. Une averse dense, du brouillard, du vent. Un pneu crevé, un mobile déchargé, un tournevis cassé. Une langue inconnue, un mot de passe oublié, un panneau sens interdit. Une peur intime, une phobie collective, une timidité, un handicap, une résignation, un abandon. L’obstacle vient de l’extérieur ou de l’intérieur, il est naturel ou artificiel, physique ou psychique. Ce mot porteur d’un sens de prime abord négatif peut pourtant, à bien y regarder, se retourner et s’envisager en tant qu'événement heureux, fructueux, riche de possibles. Repérer ou inventer un obstacle, le comprendre, le réfléchir, graviter autour et « faire avec ». Ici proposé en tant que thématique de travail, le mot « obstacle » s’avèrera propice à des réflexions et des productions des plus diverses, tous médiums confondus. En gravitant autour de l’obstacle, un ensemble d’actions pourraient se produire, points de départ de nouveaux événements…
Édition, numérique, photographie, histoire de l’art, approche contemporaine de l’image, volume, mécatronique, vidéo, dessin-espace, performance, recherches en médiathèque
Référents
David Poullard
Jürgen Nefzger